Rêve chez les matelassiers
Electroencéphalogramme, 2014, draps, nappé de laine, perles, fils, 150 x 180 x 190 cm, Moulin des Arts de Saint-Rémy.
La matière nappée de laine et l’univers onirique, autre pendant du matelas, a instauré un parallèle avec le nuage. Symbole de liberté, occupant le ciel vers lequel le regard s’élève, le nuage est aussi sujet à la contemplation, à l’évasion, au rêve. Il s’accroche ici au fil barbelé, à la vie quotidienne (draps, taie) ou au savoir scientifique et part ses points de fixation qui le déploient dans l’espace, il détourne l’enfermement de la clôture, l’étroitesse des certitudes ou la banalité de la vie.
Les gestes capables d’une telle sublimation sont ceux fragiles, lents et imparfaits du fait main. Ils sont une force sourde.
Les matériaux de cette métamorphose eux-mêmes véhiculent l’ambiguïté des forces et faiblesses d’un même élément, le fil qui nous retient, que l’on suit ou celui de la vie, la perle faite du rejet de l’huitre, la laine fragile qui protège.
Presque toujours mous et profondément chargés d’une histoire humaine, ils reçoivent l’acte presque sans outils, permettant le toucher sensible, et parfois, l’éveil d’une mémoire ancestrale, enfouie dans l’intelligence du corps.